Chirurgie correctrice après augmentation mammaire

Introduction

Les complications précoces après ce type de chirurgie du sein sont décrites dans le chapitre sur l'augmentation mammaire. Même si on peut les traiter facilement, les complications comme une infection ou un saignement secondaire peuvent augmenter considérablement le risque à long terme de capsulite contractile. Le traitement de la capsulite contractile et d'autres complications tardives sont abordés.

 

Capsule et capsulité contractile

Une capsule va toujours se former autour d'un implant, que l'implant ait été utilisé pour une augmentation mammaire ou une reconstruction mammaire. Au début, la capsule est mince et souple. Au fil du temps, la capsule peut s'épaissir et éventuellement finir par se contracter. Les raisons en sont incertaines, mais le phénomène est appelé capsulite contractile.

La contraction de la capsule autour de l'implant risque de déformer la prothèse et de conduire à des douleurs chroniques avec sensation de constriction du sein concerné. La capsulite contractile peut survenir quelques mois après la pose d'un implant, ou plus tard, même après 20 ou 30 ans.

Une fois que la capsulite contractile devient désagréable pour la patiente, elle envisagera peut-être une correction. Dans la plupart des cas, on pratiquera soit une capsulotomie, soit une capsulectomie.

Une capsulotomie consiste à retirer l'implant par la cicatrice existante puis à pratiquer des incisions dans la capsule, dans différentes directions, de sorte que le tissu environnant puisse se relâcher. L'implant mammaire est ensuite remis en place.

Une capsulectomie consiste à retirer la capsule et la prothèse mammaire ensemble par une incision dans le repli sous le sein. Ici aussi l'implant mammaire peut  être remis en place, ou échangé contre une nouvelle prothèse.

Les implants doivent parfois être enlevés, notamment dans certains cas de récidive de capsulite contractile sévère chez la même patiente ou si c’est le souhait de la patiente. Dans ces cas il est parfois nécessaire de pratiquer un lifting des seins (une mastopexie) parce que la peau et le tissu mammaire couvrant la prothèse ont été étirés pendant longtemps. Si on ne le fait pas les tissus mous que sont la glande mammaire et la peau s’affaissent car le soutien mammaire a disparu.

On peut alternativement recréer un nouveau sein en utilisant les techniques de reconstruction mammaire et les tissus autologues, si c’est le souhait de la patiente. 

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Photos: (a) Capsulite contractile unilatérale avec déplacement et déformation du sein gauche. (b, c, d) Photos post-opératoires après capsulectomie et remplacement d'implant. (e, f) La capsule comprime l'implant et provoque des plis. Après avoir retiré l’épaisse capsule, la forme de l'implant est restaurée. 

 

Déplacement ou rotation de l'implant

La rotation d'un implant se produit le plus fréquemment dans la première semaine post-opératoire. Ce problème ne concerne que les implants anatomiques. Pour limiter le risque de survenue de ce problème, il faut placer un pansement comprimant modérément la partie supérieure des seins à la fin de l’intervention pour forcer l'implant à s’intégrer aux tissus environnants et se fixer dans une position idéale. Malgré cela, si l'implant ne s'intègre pas aux tissus environnants, il peut encore se déplacer ou tourner dans sa poche pendant des mois, voire des années après la chirurgie.

Si la prothèse tourne, la forme  du sein ne sera rapidement plus naturelle, avec une projection du pôle supérieur plus grande que celle du pôle inférieur. La contraction du muscle grand pectoral peut provoquer un déplacement de l’implant. Dans la période postopératoire précoce, l’implant se déplacera vers le haut, tandis qu’il aura tendance à se déplacer vers le bas et vers l'extérieur dans la période post-opératoire plus tardive. Cette complication peut entraîner une asymétrie significative entre les seins.

Le déplacement ou la rotation d'un implant mammaire ne peuvent être résolus que par une opération chirurgicale. Après avoir retiré la prothèse, la poche (capsule) doit être corrigée en conséquence. Dans certains cas, il est nécessaire d’enlever ou de fermer une partie de la capsule. La solution consiste souvent à déplacer l'implant de devant à derrière le muscle grand pectoral, ou l’inverse.

Si un implant a migré vers le bas en raison d’une lésion chirurgicale du sillon sous-mammaire, le repli sous le sein doit être reconstruit avant que  l'implant ne soit remis en place.

 

Rupture d'implant

Cette complication est plus fréquente chez les femmes avec des implants remplis de solution saline qu'avec des prothèses remplies de gel de silicone. La rupture tardive se produit généralement à cause d’une faiblesse de la couche extérieure de l'implant. De petits plis peuvent se former sur l'implant lors de son insertion. Les rebords des plis subissent des frottements continus lors des mouvements habituels de la patiente. Après plusieurs années, des déchirures peuvent apparaître au niveau de ces replis.

Les implants qui sont en place depuis une longue période de temps peuvent aussi se rompre spontanément. Un traumatisme externe peut également endommager l'implant, bien que ce soit rare.

Un implant rempli de solution saline se dégonfle en 24 à 72 heures. Cela ne pose aucun danger pour la patiente, car la solution saline est complètement éliminée par les reins. L'impact esthétique peut en revanche être important et justifie un changement rapide de la prothèse incriminée. Si la patiente attend trop longtemps, la capsule va progressivement se rétracter, si bien que l’opération nécessaire au changement  de prothèse sera plus compliquée.

L’arrivée des nouvelles prothèses remplies de gel de silicone cohésif a nettement réduit les complications sévères sur rupture d’implant. Le gel liquide utilisé avant cela pouvait migrer dans les tissus avoisinants après rupture de l’implant. C’est pourquoi de nombreuses patientes développaient des complications sévères sur rupture de prothèse.

Avec les nouveaux implants remplis d’un silicone  similaire à de la gélatine, le gel reste en place même en cas de rupture de la couche externe de la prothèse. Par conséquent, une rupture d’implant peut rester asymptomatique pendant une longue période de temps avec ces nouvelles prothèses, ne devenant problématique que lorsque la capsulite rétractile se développe. Une capsulotomie avec changement d’implant résout ce problème.

  

Nécrose et perforation de la peau du sein sus-jacente

Il s’agit d’une complication rare, qui se produit principalement chez des patientes qui ont choisi des prothèses mammaires de très grande taille et qui ont une peau fine au niveau des seins. La pression constante due à la gravité conduit à un rétrécissement progressif des vaisseaux sanguins de la partie inférieure des seins, ce qui provoque une  nécrose de la peau de cette région, puis plus tard une perforation.

Une fois que la peau est perforée, la prothèse est exposée, ce qui entraine un risque élevé d'infection. Le chirurgien doit donc retirer l'implant, désinfecter abondamment la cavité, puis fermer l’orifice cutané avant de mettre en place une prothèse beaucoup plus petite. Dans certains cas, il peut être conseillé de ne pas remplacer l'implant mammaire.

 

Asymétrie

Le but de la chirurgie du sein est d'obtenir une symétrie. Mais chaque patiente doit comprendre qu'une asymétrie mineure est normale. Les femmes n’ont pas naturellement des seins parfaitement symétriques. L’asymétrie des seins s'applique donc aussi aux femmes qui ont bénéficié d’une chirurgie mammaire et en fait, l’asymétrie entre les seins peut être plus marquée après une chirurgie mammaire. On peut ainsi trouver des disparités de la forme, du volume, de la position ou de l'axe des seins. Une patiente présentant une certaine asymétrie pré-opératoire retrouvera cette même asymétrie après une augmentation mammaire, mais de manière plus ou moins visible. Les patientes qui présentent une grande différence de volume entre leurs seins avant la chirurgie peuvent bénéficier de la mise en place de deux implants de taille différente.

Les différences très marquées de taille entre les seins doivent être corrigées en utilisant des techniques très spécifiques. Le problème est différent pour chaque patiente, c’est pourquoi il vaut mieux en discuter directement avec son chirurgien plasticien.

 

Ecartement entre les deux seins

La position et l’écartement entre les deux seins varient de façon significative chez les femmes qui n'ont pas eu recours à une chirurgie du sein. Il en va de même pour l’écartement des mamelons qui peut être très marqué, or il est difficile de faire une augmentation mammaire qui va corriger ce problème. Une augmentation mammaire avec un implant placé devant le muscle grand pectoral permet souvent le rapprochement des mamelons. Si les deux mamelons pointent vers l'extérieur, il est parfois nécessaire d'utiliser des implants de très grande taille pour pouvoir obtenir un aspect naturel de la poitrine. Dans d’autres cas il est impossible de corriger la distance entre les seins, ce que la patiente doit pouvoir accepter.

Le lipofilling permet parfois d’atténuer la transition entre les deux seins.

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Photos: Photo pré-opératoire (a) et photo post-opératoire (b) d'une augmentation mammaire chez une patiente présentant un écartement marqué entre les deux seins. Cet écartement ne peut pas être diminué à moins d’utiliser des prothèses de très grande taille.

 

Insatisfaction concernant le volume des seins

Avant d’être opérée d’une augmentation mammaire, la patiente et son chirurgien plasticien discutent du volume mammaire qu’elle désire obtenir. Le volume mammaire  est estimé à l'aide d'un implant d'essai choisi par la patiente en consultation pré-opératoire. Bien que cette estimation soit faite systématiquement, il existe des patientes qui estiment que la taille de leurs seins est toujours insuffisante après la chirurgie. Ce problème ne peut être résolu que par une nouvelle opération. Si la patiente veut des seins plus grands, l'implant en place est retiré et une prothèse de plus grande taille est insérée. Ce changement de prothèse est réalisé par la même incision.

À l'autre extrême, une patiente peut trouver que ses prothèses sont trop grandes. C'est une situation très rare, mais qui peut encore une fois être résolue par un changement pour des prothèses plus petites.